Recueil de textes de chansons de Georges de Cagliari
Format : 14x20,4cm - 68 pages - 10€
n°ISBN : 2-9520498-3-1
Extrait du recueil
"Les rires et le clown"
sur une musique de Jamait
Ce soir, étrangement, le chapiteau repose
La mort a fait main basse sur le rire des enfants,
Le clown s'en est allé, et la lune répand
Sur son lit les onguents de la métamorphose.
La fanfare affligée, et l'écuyère en pleurs,
Les petits poneys blancs aux toupets de velours,
L'escorteront demain à grands coups de tambours,
Sur la butte escarpée sera sa demeure
Lui, drapé dans l'azur, ira dire aux planètes
Naissantes et toutes pleines de vies à décanter
Le secret lourd et bleu des rires désenchantés
Qui sonnent en mineur les flonflons de la fête
Dans un cirque ÈtoilÈ tendu de nuÈes blondes,
Pour des soleils-enfants aux rires incandescents,
Le clown fera revivre, ridicule et savant,
Les rires se sont cachés les détresses du monde
Le rire du vieillard près de l'arbre à palabres,
Cassant comme un regret sous le poids d'un jour neuf;
Le rire du coolie éreinté comme un boeuf,
Ou le rire du fou, affûté comme un sabre.
Saltimbanque des rires qu'une larme enchevêtre,
Il jonglera si bien, le clown, que l'infini
Refera le calcul de ses cosmogonies
Pour renouer les fils de ses pantins terrestres
Mais il taira le pire, le rire impardonnable :
Ce triste rire d'enfant si las que déjà vieux,
Pour qui le clown ira botter le cul des dieux
qu'ils soient, dans leurs Olympes improbables
"Complainte à François Villon"
sur une musique de Jehan
Refrain :
Passent les siècles et les calendes,
C’est toujours temps de déraison,
J’en mourrai, mais je me demande
Où repose François Villon.
Villon, j’ai le cœur qui me saigne
la Seine est morte en son courant
Dans Paris on respire à peine
tant malepestes sont les vents
Haussmann a rasé tes ruelles
nous vendons nos vies à l’encan
pour quelques sous dans l’escarcelle
et l’achat d’objets-plomb-dans-l’aile
valant moins que neiges d’antan
Villon, hormis la poudre aux yeux
nous vivons en même servage
cours des miracles en banlieues
avec archers pour mettre en cage
Montfaucon est aux Amériques
Partout n’est que douleur et sang
manants affamés en Afrique
et cousus d’or qui font la nique
cœurs froids plus que neiges d’antan
Villon, il n’est plus de raison !
Par images et calembredaines,
On mène tondre les moutons,
Dame bêtise est souveraine.
Nos rois sont rapaces et vandales,
l’or est le roi de notre temps,
On lui bâtit des cathédrales,
Sa cruauté sur nous s’étale,
glacée comme neige d’antan.
François, fidèle à ton enseigne
de la vie joyeux escolier
dans le peu que le temps nous daigne
aurons bataillé et chanté
aimé de cerises à châtaignes
filant fort le fuseau des ans
puis, quand sera finie la laine
que dame Camarde nous mène
près de toi, aux neiges d’antan.